Prêts-textes à rire - Quel état !

Publié le par Jacques Guilloreau

 Ah ! je suis dans tous mes états !...
 Pourquoi ?
 Mais à cause de l'état de l'Etat.
 Vous ne le savez peut-être pas,
 mais l'Etat est en piteux état.
 En très mauvais état de santé.
 Presque plus en état de marche.
 Il est en crise.
 Et pas en crise de rire .
 
 Quand on fait l'état des lieux
 (on est à des lieues de s'en douter),
 l'Etat est même en état de déconfiture.
 Non... Non... Pas des conneries.
 Ce n'est pas dans mon état d'esprit
 de raconter des bobards.
 Et attention !
 Ce n'est pas parce que je ne suis pas
 secrétaire d'Etat de mon état,
 avec des états de services extras,
 que je ne suis pas au parfum
 du dessous des secrets d'Etat
 qui n'en sont plus.
 
 Bon... Il ne faut peut-être pas
 en faire une affaire d'état,
 mais les caisses sont vides.
 Et même en dessous de zéro.
 Il n'y a plus de fonds,
 même en faisant les fonds de tiroir
 à double fond...
 Mais les technocrottes ne s'en font pas
 pour autant.
 Pourtant, quand l'état des Finances
 n'est plus qu'un trou sans fond,
 l'Etat s'en va à vau-l'eau.
 Oui, il fout le camp au fil de l'eau,
 emporté par n'importe quel courant,
 même par un courant d'air...
 Et dans les cas gravissimes,
 par un vent de folie qui souffle
 sur les foules qui se défoulent...
 Vous voyez, l'Etat, c'est comme la matière
 (et là, il n'y a pas matière à rire),
 l'Etat peut passer par les trois états.
 De l'état solide, s'il n'a plus de liquidités,
 il peut passer à l'état de liquéfaction
 et même à la liquidation totale.
 Alors là, il passe à l'état gazeux
 et pousse son dernier soupir
 en glissant rapido dans les oubliettes
 du tout-à-l'égout.
 Comme un pet sur une toile cirée...
 (pour faire un peu vulgos !).
 
 Bon... Bon... Je cause, je cause,
 sans mettre personne en cause, remarquez.
 Mais en tout état de cause,
 je me demande comment on en est arrivé là.
 Des milliards et des milliards de dettes...
 C'est vrai qu'on nous rebat les oreilles
 avec l'Etat souverain.
 Ils en ont plein la bouche, les technocrottes,
 quand ils disent ça, "l'Etat sou-ve-rain",
 l'allure royale.
 Souverain... Souverain...
 Mais quand on veut jouer les rois,
 il faut en avoir les moyens.
 Déjà, une fois par an, on fête les Rois...
 Mais c'est toujours les commerçants
 qui ramassent la galette !
 Et nous, on a la fève...
 
 Mais eux, les orfèvres en politicontorsions,
 ils ont trouvé le joint. Génial !
 Vous savez ce qu'ils font,
 nos géniaux politichinelles,
 quand ils sont en état de grâce ?
 Eh bien, ce qu'on fait, nous,
 quand on a envie d'une chouette bagnole
 et qu'on n'a pas les moyens.
 Ils font des emprunts... d'Etat.
 Mais c'est surtout pour payer...
 les intérêts des emprunts d'avant.
 Et puis pour saupoudrer par-ci, par-là...
 Un peu de poudre aux yeux
 pour cacher la misère...
 Faire taire les voix qui pourraient...
 rester sans voix devant les urnes...
 Enfin... jouer l'Etat Providence, quoi.
 
 Et à qui emprunte l'Etat ?
 Bien... à nous, tiens, entre autres !
 Et comme l'Etat, c'est nous...
 C'est le serpent qui se mord la queue !
 Et ça, ça me fout vraiment des états d'âme !
 
 © Jacques Guilloreau, Prêts-textes à rire.

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