La ronde du monde - Les gens jouent

Publié le par Jacques Guilloreau

 Les gens jouent.
 Mais certains les déjouent.
 Des enfants jouent aux grands.
 Et inversement, évidemment,
 des grands jouent les enfants...
 du Bon Dieu sans confession.
 Le Bon Dieu joue contre Satan.
 Satan joue avec les démons.
 Des démons jouent les angéliques.
 De petits anges, les diaboliques.
 Le diable joue avec le feu.
 Mais les anges déjouent son jeu.
 
 Les gens jouent.
 Mais certains les déjouent.
 Des champions de télé-canapé
 jouent les sportifs chevronnés,
 en baskets et survêtement.
 De simples petits prolos,
 en bleu de chauffe et polo,
 jouent, en week-end, les cols blancs.
 Des cols blancs affairés, au flair
 de requins aux dents longues,
 jouent les hommes d'affaires
 de qui dépend le sort du monde.
 
 Les gens jouent.
 Mais certains les déjouent.
 Des affairistes imposants,
 quasi impotents, font les importants
 en jouant les potentats.
 Mais d'authentiques potentats
 jouent le parfait anonymat.
 Des anonymes jouent les vedettes.
 Des vedettes, les stars.
 Et des stars très brillantes,
 hélas, quelques lunes plus tard,
 les étoiles filantes.
 
 Les gens jouent.
 Mais certains les déjouent.
 Des filles de presque rien
 jouent les grandes dames.
 Des dames, les femmes de bien.
 Des femmes de grand bien
 jouent de leur charmes
 dans des rues sans joie
 où des hommes en mal de bien,
 vont jouer les Casanova.
 Ainsi que des époux marris,
 le cœur tout déconfit.
 
 Les gens jouent.
 Mais certains les déjouent.
 Des phraseurs jouent les raseurs.
 Des sans-talent, les acteurs.
 Des acteurs, le monde entier.
 Et tout le monde se fait jouer,
 y compris le grand monde
 qui se joue du petit monde.
 Mais arrivent des fils de riches,
 en jeans et col roulé, qui trichent
 en jouant les pauvres prolos.
 Et tout repart de zéro.
 
 Les gens jouent.
 Mais certains les déjouent.
 Ainsi, à chaque instant,
 chacun joue quelqu'un.
 Ou à n'importe quoi…
 Moi, j'ai le sentiment
 de ne jouer personne. Ni à rien.
 Voilà peut-être pourquoi
 je m'ennuie bien.
 
 © Jacques Guilloreau, Cris écrits.

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